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Le temple caché de Barheïn

pascalebellamy30


Cette année, nous pouvons enfin aller admirer dans le désert, les oasis de Bahreïn et de El Areg. Depuis 2015, l’armée égyptienne avait interdit l’accès à cette zone pour des raisons de sécurité. Dès l’annonce de la possibilité d’obtenir des permis de voyager vers ces sites, nous nous sommes empressés, Sergio et moi-même, d’y retourner, plusieurs fois. Notre première expédition fut à destination de l’oasis de Bahreïn. Elle se trouve à 140 kilomètres environ à l'est de Siwa.

Comme son nom l’indique, El Bahreïn, qui signifie « les deux lacs », s’étale autour de deux lacs salés alimentés par les nappes d’eau souterraines qui traversent le désert occidental égyptien. Autour, des palmiers, et au loin les grandes dunes de sable, l’ensemble forme un paysage magnifique. Durant l’antiquité, Barheïn était habitée, et était un lieu de ravitaillement pour les caravanes voyageant entre Siwa et les oasis de Farafra et Bahareya.

Aujourd’hui, nous pouvons observer la nécropole, constituée de tombes creusées dans les grands rochers épargnés par l’érosion.




Mais l’oasis avait un secret, caché depuis deux mille ans sous une grosse butte faite de sable et d'épaisses couches de cendre, un sanctuaire dédié au dieu Amon. Sergio, passionné de longue date par l’histoire de Siwa et des oasis périphériques, avait étudié les écrits du géographe Al Idrisi, qui disait qu’au XIIème siècle, il y avait encore quelques habitants à Barheïn, et que les vestiges laissaient deviner que l’activité humaine y avait été plus importante dans des temps plus anciens. De ses lectures et de la présence d’une nécropole, Sergio a déduit qu’il devait y avoir un temple, entre les sépultures et le lac le plus proche. C’est au cours d’une de ses multiples expéditions, qu’il a remarqué, en 2000, quelques blocs de pierre où y étaient gravés des hiéroglyphes. Il lui fallait alors trouver un égyptologue ayant la possibilité d’ouvrir un chantier de fouilles, afin de faire ressortir du sol ce qui semblait être le temple recherché. Ce n’était pas une tâche facile, car le désert rend le travail difficile du fait de l’éloignement de tout centre de ravitaillements. Il est retourné sur place en 2001 et, cette fois, a découvert une inscription qui allait lui faciliter sa recherche d’un égyptologue intéressé par l’oasis. En effet le nom du pharaon Nectanebo 1er, premier pharaon de la XXXème dynastie (381-362 av. J.-C.) y était inscrit.


C’est ainsi qu’en 2003, Paolo Gallo, représentant du Centre de la Mission Archéologique Italienne d'Alexandrie (Université de Turin), spécialiste de Nectanebo 1er, et Sergio, installèrent une équipe de fouilles sur site.



Les archéologues ont alors mis en évidence ce temple caché qui mesurait environ vingt mètres de long et dix de large. Sa porte s'ouvrait sur le côté méridional, accueillant ainsi les voyageurs qui arrivaient de Farafra.

Les hiéroglyphes montrent que la divinité principale de ce petit sanctuaire était Amon. Par ailleurs, comme au temple de l’oracle de Siwa, une paroi de l’édifice est dédiée au pharaon, roi des deux terres , Basse et Haute Égypte, fils de Râ, l’autre au chef des deux déserts fils de Shou, ces déserts correspondant probablement à l’est et l’ouest de Siwa. Shou, est une divinité coiffée d’une plume d’autruche comme les rois Libyens. Les reliefs qui représentent le pharaon Nectanebo sont sculptés sur les parois orientales, tout comme ceux du pharaon Amasis au temple de l’oracle.


Sur les parois occidentales les nombreuses scènes d'offrande aux divinités sont accomplies par le roi libyen Ounamon, qui présente partout son nom et ses titres entourés par les cartouches d'un pharaon, tout comme le roi Soutékirdis à Siwa. C’est ce même roi Ounamon que l’on retrouve sur les vestiges du temple de Omm ‘Ebeyda à Siwa. Ceci semble confirmer ce qu’écrivait Hérodote au Vème av. J.-C., à savoir que Siwa a été la capitale d’un royaume libyen s’étendant vraisemblablement de l’oasis de Jaghbub à l’ouest jusqu’au bord de la dépression d’El Qattarah à l’est.

C’était une découverte importante pour l’histoire du Sahara occidental égyptien. Après avoir fixé les couleurs des hiéroglyphes, les blocs ont été transportés dans un magasin de stockage du service des antiquités égyptiennes, et nous espérons qu’elles seront bientôt exposées dans un nouveau musée à Siwa.


Aujourd’hui, on ne peut donc observer à Barheïn, que l’emplacement du temple, où gisent encore quelques morceaux de poteries.

Les tombes, quant à elles, ne sont pas décorées. Nous pouvons voir également des morceaux de poteries au sol, et surtout des momies sorties de leur tombes, certainement au cours de fouilles clandestines.

Des fouilles seront peut-être organisées un jour pour trouver le village où séjournaient les habitants dans l’antiquité.

Ce qui est certain, pour un voyageur de passage dans cette oasis, c’est qu’il y trouvera un splendide paysage, et une tranquillité absolue !


Le temple caché de Barheïn a été retrouvé… Il nous reste à trouver celui de Zerzura !










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