Jour5

Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner pris dans le patio de l'hôtel, nous partons en ville. Le premier objectif est la réparation des boulons de la roue, et la mise en place d'un nouveau pneu.


Abdallah gère bien la chose et tout est terminé rapidement. Nous devons ensuite retourner à la banque, dont nous sortons avec une nouvelle liasse de billets, et devons trouver une carte SIM soudanaise qui fonctionne bien! En effet, nous avions acheté des cartes de la compagnie Zein avec lesquelles nous n'avions pas Google, et internet marchait très mal, ceci même si Sergio a payé 2 fois la facture! Abdallah nous amène vers un bâtiment gardé, et nous guide vers une porte indiquant Sudani, une autre compagnie de téléphone plus performante pour internet.

En ville, je remarque un marchand qui vend du charbon dans des petits sacs.
Il ne nous reste plus qu'à acheter nos habituels pains, falafels, gateaux secs et pamplemousses. D'ailleurs nous emportons 3 kilos de pamplemousses (nous voulions 3 pamplemousses!)
À13 h nous prenons la route vers Méroé, après avoir remercié et salué Abdallah.


Nous nous arrêtons dormir à Atbara, du nom de l'afluent du Nil qui longe la ville, car nous voulons choisir un hôtel avant la nuit. L'hôtel Adel semble correct vu del'extérieur.

Les chambres sont un peu sombres mais relativement propres et sont équipées d'une salle de bain, dont une douche avec de l'eau chaude mais sans pomme de douche... Pour 50 $ on ne peut pas tout avoir! Nous décidons de chercher un restaurant au bord du Nil. Pour essayer de rejoindre la rive, nous longeons des bâtiments de la police dont un hôpital neuf encore fermé, mais il n'y a pas de guinguettes et ce quartier est obscur, c'est un peu "flippant". Nous faisons demi tour. En ville Nous trouvons un snack avec menu varié mais qui ne sert en réalité qu'un seul plat, riz et poulet frit en beignet. C'est assez bon. Le patron prend Sergio et Éric en photo, car nous sommes les premiers occidentaux qui ont poussé la porte de son restaurant. Ensuite nous trouvons un joli Coffee shop. Virginie et moi buvons de l' ovaltine! Puis nous rentrons dormir.
Mes conseils du jour:
Vous l'aurez compris, l'hôtel Damira est un bon compromis,et je vous le conseille. Y faire un arrêt de 2 jours, permets de se ressourcer et de faire laver son linge.
Achetez une carte SIM Sudani.
L'hôtel Adel est confortable d'après nos critères soudanais.
Jour 6
Départ matinal pour Méroé, après un Nescafé pris dans un espace aménagé sur un palier de l'hôtel. Nous empruntons la principale autoroute nord-sud du Soudan reliant Khartoum et Port-Soudan.
À destination, nous avons prévu de visiter trois sites antiques du royaume de Koush, le site funéraire parsemés de tombeaux pyramidaux et les deux plus grands centres du royaume dans l’arrière-pays, Musawwarat es-Sufra et Naqa. Ils constituent les plus beaux vestiges de ce qui fut jadis la capitale des souverains koushites, Méroé, qui devint leur résidence principale à partir du IIIème siècle av. J.-C.
Nous trouvons facilement la nécropole de Méroé, mais je suis tout d'abord déçue car la route est assez proche et l'impact visuel d'une ligne à haute tension est très négatif.

Sur le chemin qui conduit aux pyramides nous sommes rejoint par un chamelier, Abdoul, qui amène Virginie jusqu'à l'entrée à dos de dromadaire. Puis, à mi-chemin, c'est à mon tour, car Abdou le copain de Abdoul nous a rejoint. On nous offre un thé à l'entrée, et nous sommes vite assaillis par des vendeurs de petites pyramides et autres souvenirs.
Depuis le début de notre voyage Sergio suit les traces de Frédéric Cailliaud (1787-1869), d'où l'impatience de mon compagnon d'admirer les pyramides de Méroé. En effet, à l’aube du 25 avril 1821, ce brillants explorateur français contempla cette nécropole pyramidale. Son récit témoigne clairement de cette émotion de la découverte qui le submerge :
« Mon guide me prévint bientôt que nous allions voir les “tarâbyls”. Qu’on se peigne la joie que j’éprouvai en découvrant les sommets d’une foule de pyramides, dont les rayons du soleil, peu élevé encore sur l’horizon, doraient majestueusement les cimes ! Jamais, non jamais, jour plus heureux n’avait lui pour moi ! (...) Je pressai mon dromadaire ; j’aurais voulu qu’il franchît avec la rapidité du trait les trois lieues qui me séparaient encore des ruines de l’antique capitale de l’Éthiopie. Enfin, j’y arrivai : mon premier soin fut de gravir sur une éminence, pour embrasser d’un coup d’œil l’ensemble des pyramides. J’y restai immobile de plaisir et d’admiration à la vue de ce spectacle imposant. J’allai ensuite monter sur le plus élevé de ces monuments. Là, voulant payer un faible tribut d’hommage au géographe illustre dont le génie avait guidé mes pas, je gravai sur la pierre le nom de d’Anville. Promenant de nouveau mes regards autour de moi, je découvris dans l’ouest un second groupe de pyramides, et, à peu de distance du fleuve, un vaste espace couvert de ruines et de décombres, annonçant assez l’emplacement d’une ville antique. »

Enfin nous entrons suivis d'une dizaine de chameliers et leurs montures. Nous partons à pied admirer le site, en essayant de semer nos poursuivants. Nous sommes bien sûr les seuls visiteurs, donc les seuls clients potentiels, mais quatre contre une trentaine, c'est dur!
Le site est magnifique. Nous rejoignons ces petites pyramides posées sur un sable fin de couleur orangée. Certaines d'entre-elles ont été restaurées. Ceci car ces monuments sont partiellement effondrés, à cause d'un homme, Giuseppe Ferlini (1797-1870), qui après avoir rejoint l'armée égyptienne dans sa conquête du Soudan en 1830, décida de déserter et de se consacrer à la chasse au trésor. Une fois arrivé à Méroé et sous l'impulsion des travailleurs locaux qui mentionnaient une légende de 40 ardeb d'or, Ferlini commença à attaquer et à vandaliser plusieurs pyramides, qui avaient été trouvées dans de bonnes conditions par Frédéric Cailliaud cinq ans plus tôt.

Sur le retour, j'ai pitié des chameliers et je remonte sur le dromadaire d'Abdou. Puis je me fais de nouveau harceler et je cède en achetant 3 ou quatre babioles et une tambura, encore appelée Simsimiyya, qui est un petit instrument de musique à cordes Soudan-égyptien.

Nous partons chercher un hôtel à Shendi, la ville la plus proche. Nous traversons un marché très animé et trouvons un hôtel vide, désuet, moche, cher, sale, sans eau chaude, mais à 50 $ la chambre avec vue sur le Nil.
Nous achetons du pain, de la vache qui rit et nous partons vers Musawwarat.


Musawwarat est un site perdu dans un désert "steppique" que nous avons un peu de mal a trouver. Nous croisons des chèvres, des ânes, des dromadaires, et un jeune homme qui court en nous faisant des grands gestes pour avoir de l'eau, que bien sûr nous lui donnons. Nous pique-niquons chichement à l'ombre d'un bel acacias.

Le site est loin de tout mais de toute beauté ! Musawwarat es-Sufra est un grand complexe de temple méroïtique de l'actuel Soudan, datant du IIIème siècle av. J.-C.
Nous observons les inscriptions gravées par les premiers voyageurs, dont Frédéric Cailliaud!

Puis l'un des gardiens propose de nous accompagner sur le site de Naqa. Et devinez quoi ? Il se perd !

Nous sommes au cœur de la steppe de Butana, dans le Wadi Awatib, Le paysage est magnifique. Nous apercevons de nouveau des chèvres et des ânes.

Après de bonne heure de navigation à vue, nous nous arrêtons près d'une cabane en bois. Des enfants très pauvrement vêtus, voire nus, nous regardent, surpris, et deux femmes semblent avoir peur. Notre guide leur demande son chemin. Je m'approche et discute un peu avec elles. En partant nous leur laissons ce qui nous reste de gâteaux secs, ce qui réjouit les plus petits. Apparemment nous n'avons pas obtenu suffisamment de renseignements car nous faisons une seconde halte, à une seconde cabane, où je peux de nouveau parler avec une femme, à qui je donne les pamplemousses qui nous restent, du pain et une bouteille d'eau. Je suis bouleversée par ces rencontres. C'est une chose de savoir que la misère existe, mais constater cette réalité en est une autre.

Nous nous arrêtons également auprès d'une jeune bergère, elle est belle malgré sa maigreur. Sa main est très sèche, et elle tient celle de Virginie un long moment. Je suis tellement bouleversée que j'en oublie de lui laisser de l'eau ou le peu de nourriture qui nous reste. Et notre guide ne trouve toujours pas Naqa.
Nous voulons faire demi-tour car le soleil se couche, mais finalement nous arrivons sur un magnifique temple et son allée de béliers. Il s'agit d'un temple d’Amon, érigé au Ier siècle après J.-C. par le roi Natakamani et la reine Amanitore sur une terrasse au-dessous d'une montagne rocheuse appelée Gebel Naqa. Il est un peu tard pour que nous puissions observer tous les détails de l'édifice.


Naqa a probablement été fondée dès le début du IVème siècle avant J.-C. pour servir de résidence secondaire au royaume de Méroé. Elle est la cité la plus méridionale de ce Royaume. Trois bâtiments ont presque intégralement survécu aux ravages du temps : le temple d’Amon, que nous venons de visiter au coucher du soleil, et le temple du Lion et, devant lui, la Chapelle d’Hathor, qu'il nous reste à voir grâce aux phares de la voiture et les lampes de nos téléphones.

C'est plutôt dommage, nous serons seulement dans l'ombre des traces de Frédéric Cailliaud. Les temples et les ruines de Naqa semblent n’avoir été visités par des Européens qu’à partir du XIXème siècle. Les premiers explorateurs sont les Français Louis Linant de Bellefonds et Frédéric Cailliaud. Linant de Bellefonds parti pour un voyage de treize mois dans le Soudan, en juin 1821, arriva à Musawwarat en février de l'année suivante. Bien qu’averti des fréquentes attaques de Bédouins rebelles, il décida cependant de visiter Naqa. Après sa mort au Caire, en 1883, ses journaux et dessins resteront près d’un siècle sans être publiés. Le 14 mars 1822, Linant de Bellefonds rencontra à Shendi notre fameux minéralogiste Frédéric Cailliaud qu’il encouragea à aller visiter Naqa, que celui-ci atteignit le 22 mars. En moins de quatre jours, il dressa la première carte topographique du lieu, fit des plans d'ensemble des temples visibles et releva plusieurs scènes – ainsi que plusieurs vues d’ensemble de la cité et de l’architecture de ses temples. C’est Cailliaud qui, le premier, porta à la connaissance du public cette culture ancienne entre Égypte et Afrique.
Nous ramenons notre guide chez lui, dans une zone qui nous est inconnue. Il essaie d'avoir un Bakshish, sauf que l'on a déjà donné 80 $ à lui et son ami à Musawwarat pour des tickets que l'on a jamais eu, et payé un gardien au temple du lion... Donc non, il n'aura rien étant donné qu'il ne nous a pas permis de faire les visites dans de bonnes conditions. Sur la route de retour vers Shendi, aveuglé par les phares, Sergio ne voit pas un trou sur la chaussée et la voiture tape fort. Nous nous arrêtons sur un parking, près de camions stationnés. Les chauffeurs viennent vers nous, et démontent la roue qui s'est dégonflée. Décidément, les routes sont très souvent en mauvais état, mais les soudanais sont toujours prêts à nous aider.

Nous arrivons en ville, tout est fermé. Nous trouvons quand même un marchand de pain, un de falafels, et un de fruits. Nous dînons dans l'accueil de l'hôtel nos habituels pains, falafels, pamplemousse, avant d'aller dormir.
Mes conseils du jour:
Nous n'avons pas trouvé d'hôtels corrects à Shendi. Il existe un camp de tentes près des pyramides de Méroé, mais très cher, autour de 250$ la nuit. Nous avons préféré utiliser nos draps dans un hôtel mal entretenu.
Pour les visites, mieux vaut prévoir de les faire sur deux matinées.
Apportez de l'eau et de la nourriture, voire des couvertures, à donner, au cas où vous croiseriez les familles qui vivent dans la steppe.
Bientôt la saison 4, de Méroé à Kerma!
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