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Dix jours d'aventures au Soudan-Saison 1-D'Abou Simbel à Dongola

pascalebellamy30

Jour 0


En novembre 2022, Sergio, nos amis Éric, Virginie et moi-même, partons, finalement, au Soudan. Nous avions tenté d'y aller l'an dernier, mais un coup d'état de dernière minute nous avait forcé à renoncer à notre projet. Après avoir réglé, non sans difficultés, les obligations administratives de visas, et de carnet de passage pour notre voiture, nous rejoignons donc Abou Simbel le 15 novembre en fin d'après-midi.


Nous avons réservé deux chambres à l'hôtel Hilol. L'endroit est joli et bien décoré. Les chambres sont petites mais équipées correctement.

Avant le dîner nous sortons faire un repérage du lieu d'embarquement sur le ferry devant nous conduire le lendemain à Wadi Halfa, au Soudan. C'est une très bonne idée de Sergio, car l'endroit identifié par le GPS nous conduit vers un lieu de pêche ! Mais nous finissons par trouver le bon endroit. Nous terminons la soirée dans un petit restaurant servant du très bon poisson.


Avant de dormir, nous planifions notre réveil pour 5h40, et le petit déjeuner à 6h. La mosquée étant très proche, le 16 novembre, nous nous réveillons à 5h au son de la prière du matin. Le petit déjeuner n'est pas très copieux, mais bon.

En conclusion, cet hôtel est correct mais le prix trop élevé par rapport au confort global.



Jour 1


À 7h nous partons pour l'embarcadère. Plusieurs autobus attendent déjà sur le parking. Après avoir interrogé un homme qui semble travailler pour la compagnie de transport maritime, nous apprenons que le bateau arrivera dans 1 heure. Zut! nous aurions pu rester plus longtemps à l’hôtel. Nous en profitons pour boire un café






Nous embarquons effectivement vers 9 heures. Sur le pont du navire, la Subaru parait toute petite, coincée entres les bus. Nous ne sommes pas nombreux à bord. Quelques garçons s'empressent de se faire photographier en notre compagnie. Cet amusement ne nous empêche cependant pas d'admirer le lac Nasser.





















C'est magnifique, surtout vers l'arrivée où de gros rochers émergent à l'horizon et où l'on devine le désert de sable jaune orangé qui nous attend. L'un de ces rochers est couvert de pélicans.











Sur l'autre rive, une file de camions s'apprête à prendre notre place sur le ferry.

Une fois débarqués, nous rejoignons la frontière égyptienne située à quelques kilomètres de du lac. De nombreux camions et quelques bus attendent de réaliser les formalités administratives. Au fond, un grand bâtiment dont les deux portails en fer forgé sont fermés. Nous interpellons un policier à travers les barreaux. Sans parler, il nous fait le geste, très utilisé en Égypte qui veut dire "attendez un moment», pouce dressé contre les autres doigts tendus, et petits mouvements de la main de haut en bas. Au bout d'environ une demi-heure, un homme nous indique où aller chercher les formulaires pour l'immigration, que nous remplissons sagement dans la voiture. Puis nous retournons vers le portail espérant savoir quand nous pourrons enfin finaliser notre sortie d'Égypte. Même geste du policier... À ce moment, un homme jeune, de grande corpulence, élégamment vêtu, d'une tunique lui arrivant aux genoux et d'un sarouel, le tout d'un blanc immaculé, demande à voir nos papiers et, après quelques mots au policier, nous fait entrer dans la cour de la douane. Nous avons deviné qu'il s'agit d'un "fixer", homme que nous devons payer pour nous aider à passer la frontière. Nous avons lu que ces hommes étaient incontournables pour les occidentaux.

Nous sommes enfin dans le premier sas vers le Soudan. L'homme en blanc s'active pour nous, courant de bureau en bureau, nous accompagnant au guichet des passeports. La police inspecte tous nos bagages, peut-être à la recherche d'antiquités. Puis un homme, certainement muet, habillé pauvrement, vient contrôler le numéro du moteur, gravé (je ne le savais pas) sous le siège passager. Enfin, après 2 heures en formalités, nous pouvons dire au revoir à l'Égypte. Quelques centaines de mètres plus loin, le portail du Soudan apparait. Cette fois, nous avons un contact. Nous demandons, de nouveau à travers les barreaux, au premier policier aperçu, d'appeler Mazar, le co-fixer de notre Égyptien en blanc. Mazar nous rejoint peu de temps après. Il est également grand, assez ventru, les dents du devant en désordre et un œil qui tourne légèrement vers son nez. Il nous permet d'entrer rapidement dans la cour soudanaise. De nouveau les procédures n'en finissent pas. Le pire moment est, c'est sûr, notre visite, à Virginie et moi, aux toilettes. Horrible ! Je vous passerai les détails. Au bureau des passeports, nous croisons un couple d'Espagnols qui a fait la route avec leur fourgon depuis le Cap et continue vers l'Égypte. Grâce à ces voyageurs, nous économisons un peu d'attente, car ils ont LA clef de 10 qui permet de démonter nos plaques d'immatriculation égyptiennes pour les remplacer par des soudanaises.

Après 2 longues heures, nous entrons au Soudan !



Nous débutons notre voyage, en direction de la ville d'Abri, dans un paysage désertique de sable ocre et de montagnes rocheuses noires. Durant les premiers kilomètres, les bords de route sont parsemés de cadavre de vaches.

Nous roulons à bonne allure lorsque, soudain, un gros trou sur la chaussée, un bruit bizarre... l'un des pneus est largement coupé.






À peine avons-nous déposé nos valises dans le sable et sorti la roue de secours, qu'un pick-up, arrivant en sens inverse, s'arrête à notre hauteur. Trois hommes sautent de l'arrière du véhicule, écartent Sergio et Éric du cric, de la clef, et 5 minutes plus tard, nous pouvons repartir après les avoir remerciés plusieurs fois.








Le soleil est en train de se coucher lorsque nous atteignons Abri. C'est un grand village, aux rues quasiment vides entre des maisons basses, pour beaucoup faites en briques crues. Un homme nous indique, dans un arabe différent de l'égyptien, l'emplacement de la Nubian Rest House que nous avions trouvée sur internet. En fait l'hôtel ne ressemble en rien aux photos publiées. 50 $ pour une chambre au sol gris en béton, avec pour seule salle de bain, des WC à la turc dehors ... C'est vraiment trop cher pour le confort proposé. Nous repartons à la recherche du second hôtel enregistré sur nos smartphones. Nous tournons, virons, et demandons notre chemin au peu de gens dehors. Proche de notre destination, un jeune homme nous prend finalement en charge et nous conduit au dit hôtel. Là, nouveau coup dur, à travers les barreaux d'une petite fenêtre, le propriétaire nous informe qu'il ne loue plus de chambre ! Devant notre désarroi, il finit par nous proposer de dormir tous dans une même chambre. Oui, oui ! nous acceptons. Pour accéder aux lits tant espérés, nous traversons une cour en terre battue où des hommes au regard triste fument la chicha, puis nous pénétrons dans une très grande salle où d'autres hommes plus jeunes, allongés sur des nattes ou assis sur une banquette en béton regardent, inexpressifs, des télévisions, football sur une, film bollywoodien sur l'autre.


Un garçon, au visage fermé, nous accompagne et ouvre une porte en métal donnant sur une pièce au sol en béton, murs verts, comportant deux petites fenêtres à barreaux, 2 lits de camp en fer recouverts de fins matelas en mousse dont les housses sont déchirées. Un gros climatiseur termine la décoration. Nous ne pouvons que rire nerveusement, "bienvenue à notre stage d'entrainement pour futurs otages" !


La salle de bain se résume à des toilettes à la turc, sans éclairage, à côté desquelles se trouve un gros bidon d'eau où flotte une boîte en plastique, ceci en guise de chasse d'eau. Bon, vive les lingettes pour se débarbouiller ! Le garçon fait amener deux autres lits identiques aux premiers, et nous demande de payer... nous n'avons pas de monnaie soudanaise. Il ne veut ni livres égyptiennes, ni dollars, et finit donc par accepter d'attendre le lendemain. Et nous avons faim... Pas de vrai repas depuis la veille au soir. Nous parcourons cette ville sans vie. Dans le premier endroit semblant servir de la nourriture puisque trois hommes s'y partagent je ne sais quoi dans un grand plat en métal, le propriétaire nous dit qu'il n'a plus rien.


Un peu plus loin, nous entrons dans une salle, aux murs peints en rose vif, où s'allonge en son milieu une table et où se dresse un comptoir en bois au fond. Le seul plat servi est du foul. Très gentiment, celui qui semble être le cuisinier, accepte de nous servir et de n'être payé que le lendemain en monnaie locale. Nous dégustons nos bols de purée de fèves, en utilisant du pain en guise de couverts.


Repus et désœuvrés nous rentrons dans notre cellule à 20h30, à l'exception de Sergio resté pour fumer une chicha devant Bollywood.

Mes conseils suite à ce premier jour :

Considérez dans votre planning que le passage des 2 frontières peut prendre entre 4 et 6 heures, et que la traversée en ferry vous prendra entre 1 et 2 heures en fonction du temps d'attente pour embarquer.

Changez un peu d'argent à la frontière même si le taux de change ne vous parait pas optimal.

Ne prévoyez pas de dormir à Abri. Il vaut mieux dormir à Wadi Halfa, où l'on trouve des hôtels corrects et partir le lendemain tôt pour faire vos visites.

Apportez vos draps, vos serviettes de toilette et des lingettes.

Apportez également une petite bouilloire, vos mugs et du café ou thé pour votre petit déjeuner.

Jour 2

Nous nous réveillons, un peu courbaturés, après 9 heures de sommeil... Il faut dire que nous n'avions rien d'autre à faire. Nous plions nos draps et nous nous préparons un café avec ma petite bouilloire achetée 8 euros au Caire. Un Nescafé, quelques biscuits puis nous sortons en ville à la recherche d'une banque. Un passant nous indique le chemin et nous informe qu'elle ouvre à 8h. En attendant, Sergio essaie de trouver une carte SIM soudanaise, sans résultat.


Le village est très pauvre, quelques magasins essentiels, d'autres moins comme cette boutique de shampooings et parfums qui me paraissent très "chimiques". J'entrevoie également, dans un bazar, les mêmes produits et jouets en plastique, made in China, qu'à Siwa. Je trouve également un marchand de lits en métal, qui sont très utilisés au Soudan.





La banque ouvre enfin. L'intérieur est neuf et moderne. Je sympathise avec la dame à tout faire qui est venue me parler par curiosité. Un grand homme d'un certain âge, en djellaba blanche, entre avec un vieux sac en main. Il dépose devant un guichet des liasses de billets sur un mètre de large. Il s'agit probablement du convoyeur de fonds local. Nous ressortons avec l'impression d'être riches. 1 dollar égal 570 livres soudanaises. Sachant que les plus grosses coupures sont de 1000 livres, et que nous avons obtenu surtout des billets 500, imaginez les paquets de billets obtenus en changeant 300 dollars.

Nous payons nos dettes, achetons des galettes de pain chaudes, très bonnes, quelques fruits, raisins, pamplemousses, pommes que nous payons assez chers. Un vendeur de falafels m'interpelle pour me dire qu'il soutient la Russie car il en veut aux américains pour ce qu'ils ont fait en Irak. Je n'entre pas dans la discussion mais je goûte ses falafels.


Nous partons vers le village de Wawa afin de trouver un embarcadère pour traverser le Nil et visiter les temples de Soleb et Sedinga.

Le village de Wawa est constitué d'une rue centrale, très propre, en terre recouverte d'un peu de sable et de grandes habitations basses, toutes en briques crues. Seuls les portails en métal sont peints avec de belles couleurs vives. Il n'y a aucune animation, quelques ânes à l'ombre de rares arbres, puis des femmes assises qui nous font bonjour en agitant un bras. Nous nous dirigeons vers le Nil. Devant une habitation, un peu isolée, nous saluons deux hommes qui trient l'ail assis sur une natte au sol. Nous leur demandons où prendre le bateau. L'un d'eux passe alors un coup de fil, et nous invite à prendre le thé chez lui en attendant le passeur.


La porte d'entrée donne sur un patio joliment peint en jaune, où sont posées des jarres en terre cuite destinées au stockage de l'eau. Par une fenêtre j'aperçois une chambre et ses 2 petits lits en métal. Nous entrons dans la cuisine au sol en terre battue.



L'épouse de notre hôte est assise parterre près d'un petit feu de bois où elle cuit son pain. Elle est très souriante et nous discutons un moment. Son mari allume un autre petit feu pour préparer le thé. La femme m'explique qu'elle a 5 enfants, 3 filles et 2 garçons. Nous sommes émus par leur accueil chaleureux.




L'homme du bateau arrive juste après la dégustation du thé. Contrairement à ce que nous pensions, nous ne pouvons pas traverser avec la voiture, car nous montons dans une barque !





Nous rejoignons à pied le temple de Soleb, construit par le pharaon égyptien AmenhotepIII, pharaon de la XVIIIème dynastie. Ici était célébré le dieu Amon. L'édifice était orné de nombreuses scènes murales représentant la fête-Sed, fête de jubilé organisée traditionnellement à partir de la trentième année de règne d'un pharaon.


Amenhotep III et son épouse royale Tiyi ont été au pouvoir pendant 38 ans, sous la 18ème dynastie égyptienne. Au début de son règne, Amenhotep mena avec succès des campagnes militaires contre la Nubie, pourvue d’or, qui fut annexée à l'Égypte. Ce très beau monument témoigne de la grandeur du nouveau royaume Nubien, riche en hiéroglyphes, bas-reliefs et colonnes encore intactes.


Sur place, nous faisons la connaissance de Christophe, un Français, qui a enseigné à l'école française de Khartoum. Nous échangeons nos numéros de téléphone.






Puis nous embarquons dans un touc-touc vers Sedinga. Le chemin est long dans un désert caillouteux. Arrivés à destination nous rencontrons Ahmed qui parle très bien français pour avoir travaillé 17 ans en France.












Seginda n'est pas très spectaculaire car, du temple de la reine Tiyi, il ne reste qu'une seule colonne debout. Je lirai par la suite que les reliefs de ce temple ont apporté aux égyptologues, avec ceux de Soleb, un éclairage de grand intérêt sur les prémices d'une nouvelle théologie royale. Elle aboutira à la révolution religieuse du pharaon suivant, Akhénaton.












Il est tard, nous voulons rentrer car nous aimerions arriver à Dongola avant la nuit. Mais notre driver, qui semble ne pas comprendre mon égyptien, nous arrête près d'une dune.

La dune repose sur un grand rocher que nous escaladons. En haut, donnant sur le Nil, nous découvrons une belle stèle pharaonique d'Amenhotep. En fait, ce détour est intéressant.






Nous repartons en touc-touc et nous arrêtons chez le Soudanais où loge Christophe. Quoi que nous fassions, nous arriverons à Dongola la nuit tombée. Nous prenons donc le temps de boire un thé. Comme toutes les maisons ici, elle est organisée autour d'une cour. . Elle est plus récente et mieux équipée que la précédente.





Après avoir fait nos adieux à cette famille très gentille, nous rejoignons la rive du Nil. Après la traversée, nous apercevons, près de la voiture 3 petites filles, curieuses de savoir d’où nous venons.









La nuit est déjà tombée lorsque nous arrivons à Dongola. Nous cherchons le Taharqua resort. Il est dur à trouver, excentré, non loin de l'aéroport. Le prix commence à 65 $ la chambre. Nous essayons de négocier 40 par nuit, pour 2 nuits. Nous ne sommes pas très au fait des prix et nous attendons au pire. Un premier homme est ok, mais le second, un très grand homme au regard sombre dit non, 50 $. Sergio demande si nous pouvons dîner, l'homme répond non. Sergio demande où est le centre-ville, l'autre répond qu'il ne sait pas. Le ton monte, Éric dit « on se casse !»

Nous repartons vers le Nil où une amie m'a conseillé un autre hôtel. Dans la nuit c'est dur de se repérer. Il y a peu de gens dans la rue, et le centre-ville n'est pas identifiable. Enfin, un Lord hôtel qui d'extérieur semble correct. Il est complet.





On nous indique le Olla. Il reste 2 chambres... Minable, sales, mais un coin douche, lavabo, WC turc. Pour 12 euros les 2, on prend, nous mettrons nos draps. Nous dînons à côté dans un snack à pizza, style soudanais. Les pizzas sont bonnes. On rentre. Une douche... Ben non, pas d'eau. Enfin un lit matrimonial... Non une planche ! Nous dormons.






Mes conseils après ce deuxième jour :

Les hôtels corrects coûtent au minimum 50$ la nuit. Au-dessous, vous aurez des surprises. Et même à 50$ nous avons souvent été déçus.

Ne cherchez pas des restaurants mais contentez-vous des snacks. Peut-être à l’exception de Khartoum, que nous n’avons pas visitée.

Regardez la vidéo de Christophe: https://youtu.be/RfNplbsbeBE (Temple de Soleb North Sudan)


Jour3



Le matin, petit déjeuner dans ma chambre, nescafé dans mes mugs kitch, gâteaux secs.





Le matin, à Dongola, nous cherchons à faire tamponner nos passeports, obligatoire dans les 3 jours qui suivent l'arrivée au Soudan. Mais le vendredi, c’est certainement mission impossible. Nous trouvons un bâtiment de la police, mais pas celle pour les touristes. Nous sommes toutefois très bien accueillis. Des policiers nous sortent des chaises et téléphonent à un collègue. Un peu plus tard, un homme en djellaba blanche et petit chapeau blanc qui s’avère être le chef de cette police nous salue très aimablement. Il se renseigne, essayant de satisfaire notre demande, mais, comme nous le pensions, le vendredi ce n'est pas possible. Nous paierons, d’après lui, 300 livres soudanaises par jour de retard soit 50 centimes. Ok, nous sommes moins inquiets. Nous le questionnons sur les hôtels acceptables, au bord du Nil. Il en connaît un, et demande à une voiture de police de nous y amener. Nous traversons le Nil, puis un quartier jonché de détritus en tous genres, avant d’atteindre la rive où il y a effectivement ce qui paraît être un hôtel abandonné. Je crains ce qu'il doit y avoir à l'intérieur. La police appelle le propriétaire qui n'arrive pas. La berge ressemble à une poubelle, nous remercions la police et décidons de rejoindre directement Karima, tant pis pour la visite de Kerma...


Bientôt la saison 2, Karima!






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